Bruxelles en retard sur l'électrification de ses bus
Bruxelles en retard sur l'électrification de ses bus
Une nouvelle analyse (1) publiée aujourd’hui par Clean Cities (2) montre que seuls 4,3% des bus de la STIB sont complètement électriques à ce jour. En guise de comparaison, ce chiffre monte à 67% à Oslo. L’ASBL Les chercheurs d’air rappelle l’urgence de décarboner ces bus qui parcourent des millions de kilomètres chaque année.

Le rapport, qui se focalise sur l’accès à une mobilité partagée et électrique, se base sur différents indicateurs : accès aux vélos et trottinettes partagés, aux voitures électriques partagées, aux bus électriques et aux bornes de recharge pour véhicules électriques (VE).
Si Bruxelles obtient un bon score pour l’accès à la micro-mobilité partagée et aux bornes de recharge, ça n’est pas le cas pour l’accès aux voitures électriques partagées et l’électrification des bus. Concernant ce dernier point, la région reçoit un score de 1,2 sur 10, avec seulement 4,3% des bus de la STIB qui sont 100% électriques. Une situation qui évolue très doucement, avec une électrification complète de la flotte qui n’est pas prévue avant 2035 (3).
Pierre Dornier, Directeur chez Les chercheurs d’air, a déclaré : “Les bus de la STIB ont parcouru plus de 30 millions de kilomètres en 2022, un chiffre qui va probablement augmenter dans les années à venir. Leurs moteurs diesel sont donc responsables d’une partie importante de la pollution que nous respirons à Bruxelles. Nous demandons à la STIB d’accélérer l’électrification de sa flotte.”
D’autres villes européennes devancent largement Bruxelles dans ce domaine. Le meilleur élève est la ville d’Oslo, dont 67% de la flotte est électrifiée. Mais, concernant l’électrification des bus, les dix premières villes du classement comprennent également des noms plus inattendus, notamment Sofia, Milan, Glasgow et les trois villes de Gdańsk, Gdynia et Sopot en Pologne.
Pierre Dornier a réagi : “Bruxelles peut et doit suivre l’exemple des villes européennes les plus en avance sur l’électrification des bus. Cette technologie permet non seulement de lutter efficacement contre la pollution de l’air, mais également contre le bruit et les émissions de CO2. C’est une question de santé publique et d’urgence climatique.”
Le 28 avril dernier, la Commission Européenne annonçait que Bruxelles était sélectionnée parmi les 100 villes qui deviendraient “neutres pour le climat d’ici 2030” (4). Suite à cette décision, la Région devrait notamment pouvoir compter sur du financement pour assurer cette transition. L’accès à des transports en commun 100% électriques est clé dans la lutte contre la pollution de l’air et la transition vers des villes neutres pour le climat.
Trois autres villes belges figurent également au classement européen : Anvers, Gand et Liège. Liège en particulier réalise un très mauvais score et figure en fin de classement, à la 35ème position, tous indicateurs confondus.
Notes aux éditeurs
(1) Le briefing et le rapport complet sont disponibles sur ce lien
(2) Le site de la campagne est disponible sur ce lien
(3) Voir le site de la STIB : https://stibstories.be/2022/12/08/bus-electriques-stib-vers-une-flotte-100-verte/
(4) Plus d’informations sur cette sélection et ce que ça signifie pour Bruxelles dans cet article
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Pierre Dornier
Directeur, Les chercheurs d'air
pierre@leschercheursdair.be
0496 81 52 63
Pour toutes questions techniques relatives au classement réalisé par Ricardo :
Martin Baierl
Data Analyst, Clean Cities Campaign
martin.baierl@cleancitiescampaign.org
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Pour une rue scolaire devant l'école Comenius à Koekelberg
À Bruxelles, le trafic routier est responsable de 63% des émissions d’oxydes d’azote (NOx). Notre campagne #LesChercheursDair a montré qu’une part importante de cette pollution se retrouve dans les cours des écoles de la capitale, dont beaucoup sont exposées à des concentrations en dioxyde d’azote (NO2) supérieures à la recommandation de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS).
Pour protéger les élèves de la pollution de l’air, nous demandons la création d’une rue scolaire devant l’école Comenius.

Pourquoi demander une rues scolaire ?
Une rue scolaire est une rue qui passe devant une école et dont l’accès à la circulation motorisée (voitures, motos, etc.) est interdit, a minima, aux heures d’arrivée et de sortie des élèves.
Grâce aux rues scolaires, on peut :

Améliorer la qualité de l'air autour de l'école
À Bruxelles, la majorité des écoles est exposée à un air de mauvaise qualité. En pleine croissance, les enfants sont particulièrement affectés par la pollution de l’air générée par le trafic routier. Cette pollution provoque chez eux des maladies telles que l’asthme, des difficultés respiratoires, des troubles du cerveau, etc.

Améliorer la sécurité des enfants et des autres usagers
Chaque jour en Belgique, 13 enfants sont impliqués dans un accident sur le chemin de l’école. Réduire le trafic routier aux abords des écoles contribue à augmenter la sécurité des enfants.

Encourager les modes actifs et le jeu
La rue libérée du trafic offre plus de place et de sécurité aux piétons, cyclistes, etc. Cela encourage davantage d’enfants et de parents à se déplacer de manière active vers l’école : marche, vélo, trottinette. Une rue scolaire incite également les enfants à jouer dans l’espace public.

Créer un espace de dialogue
Dans une rue scolaire, il y a plus de place et moins de bruit. Cela permet aux enfants, aux parents et au personnel de l’école de discuter plus facilement et, ainsi, de créer du lien.
Que voulons-nous ?
Nous demandons que, d’ici les éléctions communales, la rue Félix Vande Sande, de la Rue des Braves à la Rue de Normandie, devienne piétonne et soir végétalisée sur le modèle des rues scolaires parisiennes (voir exemples ci-dessous). Ce changement pourrait débuter par une période test durant laquelle la rue est fermée seulement le matin.
Le quartier apaisé Flagey-Étangs validé mais affaibli
Le quartier apaisé Flagey-Étangs validé mais affaibli
La commune d’Ixelles vient de présenter le futur plan de circulation du quartier “Flagey-Étangs”. Pour l’asbl Les chercheurs d’air, la confirmation de ce troisième quartier apaisé bruxellois est un pas de plus vers des rues moins polluées et moins dangereuses. Malheureusement, l’ambition du projet initial a été fortement revue à la baisse, entre autres avec l’abandon du filtre de la place Flagey et de la mise en sens unique du bas de la rue Lesbroussart.
Lors de la soirée “Good Move Ixelles” organisée par l’asbl Les amis des étangs, le bourgmestre d’Ixelles, Christos Doulkeridis, et l’échevin en charge de la mobilité, Yves Rouyet, ont présenté les modifications de circulation qui seront testées à partir du 2 mai aux abords des étangs. Cette communication concrétise la création du quartier apaisé “Flagey-Étangs” qui s’inscrit dans le plan Good Move et qui permettra, à terme, d’améliorer la qualité de l’air, la sécurité routière et la quiétude en région Bruxelloise.
Cependant, l’ambition initiale de ce nouveau plan de circulation a été grandement revue à la baisse. En effet, il était prévu, entre autres, que le tronçon de rue qui borde le côté sud-ouest de la place Flagey soit réservé aux cyclistes et aux transports en commun. Ce ne sera finalement pas le cas à court terme. Il était également prévu que le bas de la rue Lesbroussart, l’avenue des Éperons d’or et la chaussée de Boondael soient en sens unique pour les voitures. Là encore, il faudra attendre.
Pierre Dornier, Directeur de l’asbl Les chercheurs d’air, a dit : “La confirmation de ce nouveau quartier apaisé en Région Bruxelloise est une bonne nouvelle. Malheureusement, le plan proposé est timide et risque de ne pas être à la hauteur de l’enjeu sanitaire, sécuritaire et environnemental. Plusieurs milliers de véhicules longent la place Flagey chaque jour. Résultat ? Les concentrations en NO2, un gaz toxique émis majoritairement par les moteurs thermiques, dépassent jusqu’à trois fois la recommandation de l’OMS. Réserver le flanc ouest de la place Flagey à la mobilité active et partagée, et limiter la circulation motorisée dans les rues convergentes comme Lesbroussart, aurait permis de lutter fortement et durablement contre la pollution de l’air, le bruit et les risques d’accident autour de cet espace public.”
Bruxelles est la 8ème ville européenne la plus polluée au dioxyde d’azote (NO2). A cause de cette pollution, ainsi que des particules fines, ce sont plus de 900 morts prématurées qui pourraient être évitées chaque année. Le trafic routier est responsable d’une grande partie de ce problème. Il émet 29% des particules très fines (PM2.5) et représente 63% des émissions régionales d’oxydes d’azote (NOx). Les quartiers apaisés, comme celui de “Flagey-Étangs”, ont le potentiel de réduire de manière significative les concentrations en dioxyde d’azote, comme le montrent cette récente étude anglaise.
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Mobilisation #StreetsForKids - 21 avril
Le 21 avril, demandons plus de rues scolaires !
Les écoles bruxelloises sont trop polluées, ce qui met en danger la santé de nos enfants. Les rues scolaires permettent de mieux les protéger de la mauvaise qualité de l’air mais également du bruit et des accidents de la route.
Malheureusement, en région bruxelloise, seules 7% des écoles ont une rue scolaire. Il en faut plus !
Le 21 avril, à l’occasion de la journée #StreetsForKids, les parents de 16 écoles demanderont plus de rues scolaires et/ou des trajets domicile-école moins polluants.
Écoles qui participent à la journée de sensibilisation et d'action #StreetsForKids
Vous désirez soutenir nos demandes ?
Deux options s’offrent à vous. Vous pouvez nous soutenir en faisant un don. L’argent que nous recevrons sera utilisé pour organiser de futures journées d’action en faveur de plus de rues scolaires à Bruxelles. Vous pouvez aussi vous joindre à nous le 21 avril après-midi devant l’école Saint-Boniface à Ixelles pour profiter de la rue qui sera fermée à la circulation et transformée en lieu végétalisé et festif !
Laten we op 21 april meer schoolstraten eisen!
De Brusselse scholen zijn te vervuild, wat de gezondheid van onze kinderen in gevaar brengt. Schoolstraten bieden een betere bescherming tegen slechte luchtkwaliteit, maar ook tegen lawaai en verkeersongevallen.
Helaas heeft slechts 7% van de scholen in het Brusselse Gewest een schoolstraat. We hebben er meer nodig!
Op 21 april, op #StreetsForKids Day, eisen ouders van 16 scholen meer schoolstraten en/of minder vervuilende thuis-schoolroutes.
Scholen die deelnemen aan de #StreetsForKids Day of Awareness and Action
Wilt u onze eisen steunen?
Je hebt twee opties. U kunt ons steunen door een donatie te doen. Het geld dat we ontvangen zal gebruikt worden om toekomstige actiedagen te organiseren ten voordele van meer schoolstraten in Brussel. U kunt ook op de middag van 21 april bij ons komen voor de Sint-Bonifatiusschool in Elsene om te genieten van de straat die wordt afgesloten voor verkeer en wordt omgevormd tot een groene en feestelijke plek!
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Accélérons le développement des rues scolaires !
Accélérons le développement des rues scolaires !
Cette carte blanche a initialement été publiée dans Metropolitiques
En Europe, la pollution de l’air est à l’origine de 238 000 décès prématurés par an. Rien que dans la région de Bruxelles, les deux principaux polluants – le dioxyde d’azote et les particules fines – sont responsables de près de 930 décès prématurés chaque année.
L’exposition à la pollution de l’air, sur le court comme sur le long terme, est source de nombreux problèmes de santé. À chaque inspiration, des polluants pénètrent dans les voies respiratoires et les poumons. Plus leur taille est petite, plus ces polluants s’engouffrent profondément dans notre organisme et peuvent, par le sang, atteindre notre cerveau, notre cœur et bien d’autres organes. Leur présence entraîne des réactions telles que des inflammations, des irritations mais aussi d’autres pathologies bien plus graves : asthme, accidents vasculaires cérébraux, infarctus et cancers.
L’âge, l’environnement de vie et l’état de santé sont autant de facteurs d’exposition et de vulnérabilité à la pollution atmosphérique. Les enfants ont un organisme en plein développement et un rythme de respiration plus rapide que celui des adultes. Ils aspirent davantage de polluants et sont donc particulièrement vulnérables.
Depuis la crise sanitaire du Covid-19, les élu·es de plusieurs grandes villes européennes ont compris que la création de rues scolaires – ou rues aux écoles – permet de réduire l’exposition des enfants à la pollution de l’air. C’est le cas à Paris et surtout à Londres, où un quart des écoles se situent désormais dans une rue scolaire. Ce dispositif, qui a vu le jour en 1989 dans la ville de Bolzano en Italie, consiste à fermer des rues d’écoles au trafic motorisé, a minima aux heures d’entrée et de sortie des classes.
Alors que le nombre de pays mettant en œuvre des rues scolaires a doublé au cours des deux dernières années, l’association « Les Chercheurs d’air », dans laquelle je suis active, milite pour la création de nouvelles rues scolaires, à Bruxelles et ailleurs.
La lourde contribution à la pollution du trafic motorisé
Dans le monde, 4 millions de nouveaux cas d’asthme infantile par an seraient liés à la pollution émise par le trafic automobile. C’est un nouveau cas d’asthme sur quatre pour la Belgique et un nouveau cas d’asthme sur trois à Paris. Ces deux données illustrent l’impact de nos modes de transport sur la santé des plus jeunes et l’importance de limiter la pollution générée par le trafic routier.
L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a revu en 2021 ses lignes directrices relatives à la qualité de l’air, notamment les seuils maximums recommandés d’exposition à certains polluants. Les limites légales annuelles européennes pour les particules fines (PM2,5) et le dioxyde d’azote (NO2) sont respectivement cinq et quatre fois plus élevées que ces nouvelles recommandations.
Les États, les régions et les villes doivent agir dès maintenant en se référant aux seuils de l’OMS. Ils doivent prendre davantage de mesures ambitieuses pour protéger leur population, d’autant que les sources de certains polluants, comme le NO2, sont clairement identifiées et peuvent être combattues localement.
À Bruxelles, les deux principaux polluants présents dans l’air sont le dioxyde d’azote et les particules fines (PM). En 2019, le trafic motorisé était à l’origine de 60 % des émissions de NO2 et de 30 % des émissions de particules fines (PM10 et PM2.5). Ces pourcentages sont heureusement à la baisse, à la suite notamment de la mise en place d’une zone de basses émissions qui limite le type de véhicules pouvant circuler dans la capitale selon leur niveau d’émission de polluants. D’autres mesures, comme les rues scolaires, doivent également être déployées pour réduire de manière drastique l’impact du trafic routier sur la santé.
Mesurer la qualité de l’air dans les écoles
En 2020, Les Chercheurs d’air ont rejoint le « partenariat pour un air pur à Bruxelles» (Brussels Clean Air Partnership), créé par Bloomberg Philanthropies et le gouvernement de la Région Bruxelles-Capitale. L’objectif de ce partenariat était de « mettre en œuvre un large éventail de projets visant à soutenir une politique efficace de réduction de la pollution de l’air dans la ville ».
Dans ce cadre, notre association a lancé en 2020 la plus grande campagne collaborative de mesures de la pollution menée en Europe : #Leschercheursdair. C’est la première fois en Europe que les concentrations en NO2 étaient mesurées par des citoyen·nes sur autant de sites et sur une durée aussi longue (une année complète). L’objectif était notamment d’affiner la connaissance des niveaux de polluants dans les rues bruxelloises, dans une perspective de science participative.
Concrètement, nous avons fait appel aux dix-neuf communes de la Région bruxelloise et à leurs habitant·es, afin d’installer 134 dispositifs de mesure des concentrations en NO2. Les communes ont prioritairement installé ces dispositifs dans des lieux collectifs, dont soixante cours de récréation d’écoles maternelles et primaires. Les autres dispositifs de mesure ont été installés au domicile de citoyen·nes en s’assurant d’une bonne couverture du territoire bruxellois.
Les résultats de cette campagne sont clairs : les 134 sites de la capitale sont exposés à des concentrations moyennes annuelles de NO2 qui dépassent les recommandations de l’OMS (10 μg/m3 par an). Les cours de récréation des écoles ne sont pas épargnées, certaines étant exposées à des niveaux jusqu’à trois fois supérieurs à ces recommandations. C’est le cas des écoles Les Tournesols et La Nouvelle Vague, respectivement situées à Saint-Josse-ten-Noode et Molenbeek-Saint-Jean. Ces communes se situent dans le croissant pauvre de Bruxelles, soit la zone qui concentre les populations les moins favorisées sur le plan économique. Ce n’est pas la première fois que ce type de mesure est effectué au sein des écoles.
En 2018, l’ONG Greenpeace avait mené l’opération « Mon air, mon école », mesurant les concentrations en NO2 dans les classes, les cours de récréation et à l’entrée de plus de 222 écoles en Belgique. Les résultats alarmants avaient mené, à Bruxelles, à la création d’un mouvement de parents nommé « Filter Café Filtré », réclamant un air de qualité pour les enfants.
Les rues scolaires comme levier d’action
Un des lieux les plus fréquentés par les enfants est l’école, où ils passent plus de 200 jours par an en Belgique. Il est donc indispensable que l’école soit tenue à l’écart des effets néfastes du trafic motorisé. Pour cela, la rue scolaire est un dispositif efficace qui comporte plusieurs avantages.
D’abord, qui dit moins de trafic motorisé dit moins de pollution atmosphérique. Des mesures précises ont été effectuées à Londres dans plusieurs rues scolaires, financées par la fondation de la Fédération internationale automobile et à nouveau par Bloomberg Philanthropies. Les concentrations de NO2 lors de la fermeture de la rue le matin sont jusqu’à 23 % inférieures à celles mesurées en l’absence de rue scolaire.
Ensuite, les rues scolaires encouragent les déplacements actifs comme la marche ou le vélo. À Londres, les derniers cent mètres vers l’école n’étant plus accessibles en voiture, certains parents modifient leurs habitudes de déplacement et recourent moins à la voiture. Les effets sont tout aussi positifs pour la qualité de l’air qu’en matière d’activité physique pour les enfants et leurs parents.
En diminuant le trafic, les rues scolaires réduisent également les risques d’accidents de la route. Les déplacements vers l’école sont en effet à l’origine de la plupart des accidents de la route pour les enfants.
L’école est par ailleurs un lieu de socialisation très important pour les enfants, mais aussi pour leurs parents. Alors que les trottoirs devant les écoles sont souvent étroits, la rue scolaire, avec son espace piéton élargi, donne la possibilité aux enfants et aux parents de nouer davantage de discussions et de rencontres.
Ces rues scolaires sont généralement appréciées de la communauté scolaire. Plusieurs sondages menés en France auprès de parents d’élèves montrent que plus de 80 % des parents interrogés soutiennent la mise en place de ce dispositif, notamment pour améliorer la sécurité et la qualité de l’air devant l’école.
Quelles perspectives ?
En Belgique, les premières rues scolaires ont été mises en place à Gand en 2012. Elles ont fait leur apparition six ans plus tard dans le Code de la route belge.
À ce jour, la Région bruxelloise compte trente-neuf écoles maternelles et primaires situées dans une rue scolaire – soit moins de 7 % de ces établissements scolaires. Encourager et soutenir la mise en place de ces rues n’est pas une chose simple, chaque commune ayant sa majorité politique et ses propres procédures pour les créer. Peu de communes décident de les créer de leur propre initiative, restant, pour la plupart, en attente de demandes des parents d’élèves et de l’établissement scolaire.
S’il y a une demande et accord de la commune, un test est mené pour une durée de trois mois. La rue de l’école est alors libérée du trafic routier par une barrière amovible. Si le test est concluant, la commune procède à l’aménagement définitif de la rue, qui se traduit généralement simplement par l’achat d’une barrière fixe.
Le fonctionnement de la majorité des rues scolaires à Bruxelles nécessite une présence humaine pour ouvrir et fermer la barrière. Cette fonction est occupée par différents acteurs selon les communes, voire selon les écoles : parents bénévoles, éducateurs, professeurs, agents de prévention, etc. L’absence de personne disponible pour effectuer cette tâche ponctuelle entrave la multiplication des rues scolaires. Sans volonté politique de généralisation du dispositif, seuls les plus motivés y auront accès et les enfants continueront à subir les effets néfastes du trafic motorisé.
Pour éviter ces difficultés, certaines communes se distinguent en créant des rues piétonnes ou en transformant, plus localement, la chaussée en parvis d’école. De nouveaux dispositifs de fermeture sont, petit à petit, testés pour se passer de la présence humaine. Des bornes équipées de caméras ANPR (Automatic Number Plate Recognition) ont été, par exemple, mises en place dans deux rues scolaires de la Ville de Bruxelles.
Aux Chercheurs d’air nous soutenons ces municipalités ambitieuses et la création de rues scolaires permanentes, c’est-à-dire continûment fermées à la circulation. Les rues d’écoles doivent être aménagées de sorte que seuls les riverains et les services nécessaires puissent y accéder. Une simple barrière amovible ne suffit pas à transformer une rue d’école en un espace sécurisé et agréable pour les enfants et leurs parents. À l’image des rues aux écoles végétalisées et piétonnisées à Paris, les rues d’écoles doivent être à la fois identifiées comme telles et leur urbanisme repensé plus largement.
La plupart des élus sont toutefois encore frileux quand il s’agit de toucher à la place de la voiture en ville. Peu d’entre eux sont, par exemple, prêts à supprimer les places de stationnement devant ou à proximité de l’entrée des établissements scolaires, à élargir les trottoirs et parfois même à sécuriser les traversées piétonnes.
Récemment, plusieurs élu·es et partis politiques ont ainsi décidé de revoir à la baisse ou de geler les plans de circulation élaborés dans le cadre du plan régional de mobilité bruxellois, à la suite de mouvements d’opposition pro-voiture.
En partenariat avec d’autres associations, nous travaillons d’arrache-pied aux Chercheurs d’air pour multiplier le nombre de rues scolaires dans les dix-neuf communes bruxelloises. À Bruxelles comme ailleurs, les élu·es locaux doivent davantage prendre la mesure de cet enjeu majeur de santé publique.
Pour en savoir plus :
- Dornier, P., Les Chercheurs d’air. 2022. Rapport narratif de la campagne #Leschercheursdair.
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Instauration d'une zone zéro-émission d'ici 2030 au plus tard
Instauration d'une zone zéro-émission d'ici 2030 au plus tard

Nous demandons que d’ici 2030 l’accès à la Région de Bruxelles-Capitale soit réservé aux véhicules électriques
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La Région Bruxelloise a mis en place, le 1er janvier 2018, une zone de basses émissions (LEZ), c’est-à-dire un périmètre au sein duquel les véhicules les plus polluants ne peuvent plus rouler. C’est une excellente mesure pour lutter contre la pollution de l’air, en particulier le dioxyde d’azote (NO2), un gaz toxique émis principalement par le trafic routier.
On voit d’ailleurs que les concentrations en NO2 diminuent plus rapidement depuis que la LEZ bruxelloise est en place. Entre 2018 et 2022, on note par exemple une baisse de 29% à la station de mesure Molenbeek, de 31% à la station Ixelles et de 36% à la station Arts-Loi, trois endroits représentatifs de la pollution due au transport.
Évolution des concentrations de NO2 (µg/m3) en Région Bruxelloise
Les analyses en provenance d’autres villes montrent la même chose. À Londres par exemple, les émissions de NOx ont baissé de 26% sur le territoire de la LEZ. Et il est intéressant de noter que même en dehors de la LEZ la pollution a baissé, et n’a donc pas été déplacée du centre vers la périphérie.
Mais malheureusement ce n’est pas suffisant.
Comme on le voit sur le graphique ci-dessus, les niveaux de NO2, bien qu’en baisse, restent largement au dessus de la recommandation de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), qui est de 10µg de NO2 par m3.
La raison ? La très grande majorité des véhicules qui circulent en Région Bruxelloise roule encore au diesel ou à l’essence.
À Bruxelles, début 2022, 90% des voitures et 99% des camionnettes roulaient au diesel ou à l’essence
Il est donc nécéssaire d’accélérer le calendrier de la Zone de Basses Émissions.
Pour le moment, concernant les véhicules diesel et hybrides, il est prévu que seules les mobylettes et les motos soient interdites dans la LEZ d’ici 2025. Pour les voitures et les camionnettes légères, il faudra attendre 2030. Les minibus et les camionnettes lourdes pourront continuer à rouler jusqu’en 2035, les bus jusqu’en 2036. Pour les autocars et les poids-lourds, aucune interdiction n’est encore prévue.
Pour ce qui est des véhicules essence et gaz, les motos, voitures, camionnettes (légères et lourdes) et minibus pourront circuler jusqu’en 2035. Les bus seront autorisés jusqu’en 2036. Et, là encore, aucune sortie n’est prévue pour les autocars et les poids-lourd.
Calendrier de la LEZ bruxelloise
Certaines grandes ville européennes comme, Amsterdam et Paris ont un calendrier bien plus ambitieux que celui de Bruxelles, avec une sortie complète du diesel d’ici 2025 et de tous les moteurs thermiques d’ici 2030. Nous demandons à la Région de Bruxelles-Capitale de suivre ces exemples et d’accélérer son calendrier LEZ pour viser une sortie complète du diesel d’ici 2025 et une sortie complète du moteur thermique d’ici 2030.
En plus d’améliorer grandement la qualité de l’air que nous respirons, la disparition des véhicules thermiques permettrait de lutter efficacement contre le changement climatique et la pollution sonore.
Des alternatives aux véhicules thermiques existent : dans une ville comme Bruxelles la mobilité active et/ou les véhicules partagés et/ou les transports publics permettent de se rendre partout. L’électrification des bus publics doit d’ailleurs également être accéléré. Olso a prévu de n’avoir plus que des bus électriques sur son réseau de transports en commun d’ici fin 2023. À Bruxelles il faudra attendre 2035…
Concernant le transport de marchandises, le nombre de camionnettes et de camions pourrait être grandement réduit en optimisant les livraisons (grâce aux points relais par exemple) et en utilisant plus les vélo cargos. Pour les camionnettes et les camions qui ne peuvent pas être supprimé.es, des alternatives électriques existent déjà ou seront disponibles très bientôt.
Il est cependant évident que ces changement ont un coût et qu’ils doivent, par conséquent, être accompagnés. Il serait par exemple bienvenu que les ménages les plus pauvres qui ont besoin d’une voiture et dont le véhicule sera prochainement interdit dans la LEZ, puissent bénéficier d’une aide économique pour acheter une voiture électrique.
Plus de rues scolaires dans les 19 communes
Augmentation du nombre des rues scolaires à Bruxelles

Nous demandons aux 19 communes bruxelloises de faire un véritable effort pour augmenter de manière significative le nombre de rues scolaires qui se trouvent sur leur territoire.
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À Bruxelles, le trafic routier est responsable de 63% des émissions d’oxydes d’azote (NOx). Notre campagne #LesChercheursDair a montré qu’une part importante de cette pollution se retrouve dans les cours des écoles de la capitale, dont beaucoup sont exposées à des concentrations en dioxyde d’azote (NO2) supérieures à la recommandation de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS).
Dioxyde d’azote à Bruxelles entre octobre 2020 et octobre 2021
Pour protéger les enfants de cette pollution, une partie de la solution est de créer des rues scolaires. Une rue scolaire est une rue qui passe devant une école et dont l’accès à la circulation motorisée (voitures, motos, etc.) est interdit, a minima, aux heures d’arrivée et de sortie des élèves. En plus d’améliorer la qualité de l’air, les rues scolaires permettent également d’améliorer la sécurité routière et d’encourager l’activité physique et le dialogue.

Améliorer la qualité de l'air autour de l'école
À Bruxelles, la majorité des écoles est exposée à un air de mauvaise qualité. En pleine croissance, les enfants sont particulièrement affectés par la pollution de l’air générée par le trafic routier. Cette pollution provoque chez eux des maladies telles que l’asthme, des difficultés respiratoires, des troubles du cerveau, etc.

Améliorer la sécurité des enfants et des autres usagers
Chaque jour en Belgique, 13 enfants sont impliqués dans un accident sur le chemin de l’école. Réduire le trafic routier aux abords des écoles contribue à augmenter la sécurité des enfants.

Encourager les modes actifs et le jeu
La rue libérée du trafic offre plus de place et de sécurité aux piétons, cyclistes, etc. Cela encourage davantage d’enfants et de parents à se déplacer de manière active vers l’école : marche, vélo, trottinette. Une rue scolaire incite également les enfants à jouer dans l’espace public.

Créer un espace de dialogue
Dans une rue scolaire, il y a plus de place et moins de bruit. Cela permet aux enfants, aux parents et au personnel de l’école de discuter plus facilement et, ainsi, de créer du lien.
Malheureusement, d’après notre dernier inventaire, seules 41 des 629 écoles maternelles et primaires de la Région bruxelloise bénéficient d’une rue scolaire. C’est très peu… C’est d’autant plus décevant qu’il n’y a que quatre écoles qui ont une rue fermée au trafic motorisé en permanence. Pour les 37 autres écoles, la rue n’est fermée qu’au moment de l’entrée et/ou de la sortie des classes.
Pour donner une idée de comparaison, la ville de Paris a déjà créé des rues scolaires devant 200 écoles et une vingtaine de ces rues sont complètement fermées à la circulation et végétalisées. Les communes bruxelloises doivent accélérer le pas et mettre en place plus de rues scolaires. La santé de nos enfants est en jeu !
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