Les mouvements citoyens bruxellois réclament des zones résidentielles dans tous les quartiers de Bruxelles


La crise sanitaire nous oblige à regarder la réalité en face : l’espace pour les piétons et les cyclistes est trop restreint. La répartition disproportionnée de l’espace public en faveur du trafic motorisé est devenue évidente ces jours-ci. Malgré une baisse de trafic de 85%, les rues restent réservées au transport motorisé. Comme si elles en avaient l’exclusivité. De leur côté, les usagers doux doivent se serrer les uns aux autres et ne peuvent souvent pas respecter la distance imposée, surtout dans les quartiers plus densément peuplés de la capitale.

Le sentiment d’urgence – ou le sentiment d’opportunité – a pénétré un groupe toujours plus important de politiciens et nous ne pouvons que nous en réjouir. C’est en effet maintenant que la mobilité post-corona se prépare. Le plan Good Move va diviser la Région bruxelloise en une cinquantaine de mailles où le trafic sera réduit de manière significative. La crise actuelle montre clairement qu’il existe un besoin aigu d’espace public de qualité. Elle a même été citée comme l’une des raisons des récentes émeutes à Anderlecht.

Pour concrétiser cet espace public de qualité, nous proposons de transformer ces mailles apaisées en zones résidentielles sur tout Bruxelles, et ce jusqu’à la fin de l’année au moins. Utilisez le cadre de Good Move pour définir les zones résidentielles : les mailles deviennent des zones résidentielles, sur les axes nous donnons la priorité aux infrastructures cyclables et libérons des voies pour rendre cela possible. A l’intérieur des zones résidentielles, les routes deviennent un espace public partagé qui permet à tous les usagers de se déplacer en respectant la distanciation sociale, que ce soit pour aller au magasin ou au travail ou encore pour prendre l’air au parc. Bruxelles a besoin d’espace pour l’ensemble de ses usagers, aujourd’hui plus que jamais. En pleine crise sanitaire, nous avons besoin de rues et de places où tout le monde peut circuler librement, sans danger, à bonne distance et dans le respect mutuel. Toute personne qui en fait usage effectue en effet un déplacement indispensable. Vienne l’a fait. Or, ce que Vienne peut, Bruxelles le peut certainement aussi ! Une zone résidentielle est prévue dans le Pentagone et à Cureghem, la commune l’expérimente également dans un certain nombre de rues. Nous encourageons ces initiatives, mais nous visons un projet à grande échelle. N’enfermez pas les zones résidentielles, mais reliez-les au plan Good Move.

Nous pouvons instaurer des zones résidentielles dans toute la capitale de manière à créer un fin maillage de voies piétonnes à l’échelle de la ville. Cette démarche permet de ne pas isoler le Bruxellois dans des rues, des placettes ou des parcs. Les personnes confinées sans accès à un jardin ou une terrasse auront ainsi la possibilité de se détendre au grand air, sans être obligées de circuler sur des trottoirs étroits ou de côtoyer de trop près une masse d’autres personnes, toutes en quête du même espace restreint. Les enfants qui n’ont pas d’espace en ce moment auront la possibilité de jouer dehors en toute sécurité.

Cette grande zone résidentielle est cruciale aujourd’hui. Mais nous proposons d’emblée de la maintenir jusqu’à la fin de l’année. Lorsque ce lockdown light sera levé et qu’une partie des voitures reprendront la route, les Bruxellois nécessiteront encore l’espace pour se déplacer sans risque. Les zones résidentielles et les larges pistes cyclables protègent notre santé en évitant de repousser les usagers actifs vers le même espace étroit. En attendant, nombreux Bruxellois découvrent le plaisir de marcher et de faire du vélo en toute liberté et sécurité.

La circulation automobile est maintenue sur une série de grands axes stratégiques, mais nous pouvons aussi préserver les transports en commun dans cette zone. Pour le déploiement et les fonctions spécifiques, nous pouvons nous appuyer sur les connaissances de Good Move, en tant que cadre régional auquel chaque commune peut se raccrocher. Les zones résidentielles sont des instruments que les communes et la police appliquent déjà, elles n’exigent pas de nouveau cadre législatif. Ajoutez des “coupures” et créez des rues à sens unique pour assurer une circulation sûre et fluide et éviter le trafic de transit dans les zones résidentielles. Des contrôles sont évidemment essentiels. S’il y a plus d’espace pour les piétons, la police davantage s’occuper des zones résidentielles et des pistes cyclables.

En tout cas, cette expérience nous apprendra comment rendre les quartiers vivables. Le gouvernement bruxellois vient d’annoncer que la «Ville 30» entrera en vigueur le 1er janvier 2021. Nous pourrons alors reconsidérer où nous voulons revenir à 30 et où les zones résidentielles permanentes sont préférables, conformément au plan Good Move.

Concrètement, nous avançons les propositions suivantes :

  • Transformer les quartiers bruxellois (les mailles) en zones résidentielles où
    • La vitesse des voitures est limitée à 20km/h
    • Piétons, cyclistes et automobilistes se partagent les rues
    • Les enfants ont le droit de jouer
    • La circulation n’est pas bloquée mais freinée
  • Utiliser le cadre de Good Move
    • Définir les mailles comme des zones résidentielles
    • Utiliser les axes prioritairement pour l’infrastructure cycliste en libérant des bandes de circulation
  • Et ce jusque fin 2020, à titre de préparation à l’entrée en vigueur de «Ville 30»
    • Evaluer les zones résidentielles en 2021 et les préserver là où elles sont préférables
    • Conserver les pistes cyclables nouvellement construites le long des grands axes
    • Investir dans les parkings car2bike aux entrées de villes.

Signataires : BRAL, Bruxsel’AIR, Clean Air Brussels, Critical Mass Brussels, Fietsersbond, Filter Café Filtré, GRACQ, Heroes for Zero, Imagine Brabant, Les chercheurs d’air, Picnic the streets, Urban Foxes, Welkom op de Kleine Ring


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