Encourageons la mobilité durableen lui donnant plus de place !

La voiture représente moins d’un tiers des déplacements des Bruxellois·es. Et 56% des ménages de la capitale n’ont pas de voiture.
Pourtant, cette dernière s’accapare plus de la moitié de l’espace public, conséquence de dizaines d’années de choix politiques centrés sur son usage.
Résultat : La mobilité active et partagée peine à se développer, et plusieurs centaines de milliers de voitures et camionnettes continuent de circuler chaque jour dans nos rues. Avec les impacts que l’on connaît sur la qualité de l’air.
En effet, à Bruxelles, le trafic routier est la principale source de pollution atmosphérique. Il émet 40% des oxydes d’azote (NOx) et près d’un quart des particules fines PM2.5.
Une exposition à ces deux polluants, sur le court comme sur le long terme, est source de nombreux problèmes de santé. Certains peuvent être considérés comme légers. C’est le cas par exemple de gênes respiratoires telles que des éternuements. D’autres sont bien plus graves : asthme, AVC, cancers, etc.
La voiture s'accapare l'espace public
Comme le montre notre rapport, la voiture est prioritaire sur 53% des rues et des places bruxelloises, dont 10% uniquement pour le stationnement.
La situation était encore plus problématique il y a quelques dizaines d’années, où l’on a détruit des quartiers de Bruxelles pour construire des grandes artères et des viaducs. Certains grands réaménagements ont eu lieu depuis, comme le piétonnier du centre ou la destruction des viaducs de Koekelberg et de Reyers, mais il y a encore beaucoup à faire.
Aujourd’hui, la voiture représente moins d’un tiers des déplacements des Bruxellois·es, mais elle occupe plus de la moitié de l’espace. C’est une répartition qui ne reflète pas les choix réels de mobilité des bruxellois·es, et ça peut, ça doit changer.
Pourquoi mieux partager l'espace public ?
En ville, où l’espace est très limité, les modes de transport se livrent une concurrence féroce. Pour encourager les moins polluants (la marche, le vélo et les transports en commun), il est essentiel de leur donner plus de place. Il faut donc réduire la surface attribuée à la voiture.
Pourquoi plus de place pour la mobilité active et partagée permettrait d’accélérer son développement ?
Sécurité
Trottoirs larges, pistes cyclables séparées et transports en commun en site propre réduisent fortement les risques d’accidents.
Rapidité
A vélo ou en transports en commun, on évite les embouteillages. Le temps de trajet est donc plus court et plus prévisible.
Confort
Plus d’espace c'est plus agréables, entre autres car il y a moins de conflits entre les usagers/ères (piéton·nes vs cyclistes, cyclistes vs cyclistes, etc.)
Accès
Les enfants, les personnes âgées ou à mobilité réduite sont encouragés à utiliser la mobilité active et partagée. Cette dernière gagne donc en nombre d’utilisateurs/rices.
La mobilité durable négligée
A Bruxelles, plus de deux tiers des déplacements se font à pied, en transports en commun ou à vélo. Pourtant, ces modes n’ont que les miettes laissées par l’accaparement de la voiture.
Les voies réservées aux trams et aux bus en surface représentent moins de 3% de l’espace public. Ces véhicules de la STIB transportent 260 millions de voyageurs chaque année mais sont ralentis au quotidien par les voitures car ils n’ont pas assez d’espace dédié.
Alors que de plus en plus de Bruxellois·es se déplacent à vélo, les pistes cyclables séparées occupent à peine plus de 1% de l’espace public. En leur donnant plus de place, les cyclistes, entre autres les enfants, pourraient se déplacer en sécurité, ce qui encouragerait plus de monde à adopter ce mode de transport..
Concernant la marche, premier mode de déplacement dans la capitale, elle a droit à beaucoup moins d’espace que la voiture. Tout le monde utilise pourtant très souvent des espaces piétons à un moment dans son trajet, même quand on utilise d’autres modes de transport. Ainsi, 64% des Bruxellois·es se déplacent à pied tous les jours. Il est donc essentiel d’augmenter et d’améliorer l’espace piéton pour l’intérêt du plus grand nombre.
Repenser la manière dont on organise la ville
On le voit, la majorité des Bruxellois·es bouge sans voiture, mais la ville, elle, continue d’être pensée pour cette dernière.
Une ville qui donne trop d’espace à la voiture, c’est une ville qui ne met pas la santé et le bien-être de ses habitant·es en priorité. Penser une ville pour tout le monde, c’est donner la liberté à chacun.e de se déplacer comme il/elle le souhaite, en sécurité et de manière efficace.
C’est pour défendre une ville inclusive que nous demandons à ce que d’ici 2030, au moins 60% de l’espace public soit réservé aux modes actifs et aux transports en commun.
Comment agir ?
Des projets sont actuellement en cours pour améliorer les déplacements en transports publics, à vélo ou à pied. Leur réalisation améliorera la mobilité de la grande majorité des Bruxellois·es. Pour équilibrer la répartition de l’espace, il est essentiel de soutenir ces projets. Certain·es élu·es s’y opposent pourtant et vont ainsi à l’encontre de l’intérêt public. Voici quelques exemples :
- La réalisation du Tram 15, devant relier Belgica à Gare du Nord, en passant par Tour & Taxi : pour éviter la suppression de places de stationnement, quelques voix s’opposent à un projet qui répond aux besoins des riverain·es et des usagers/ères du pôle économique que cette ligne traversera. Des critiques similaires s’étaient opposées à la réalisation du Tram 10 à Neder-Over-Hembeek. Un an plus tard, c’est la ligne la plus fréquentée du réseau STIB.
- Le réaménagement de l’avenue Charles Quint à Ganshoren : aujourd’hui, cette artère est bien trop polluée au dioxyde d’azote, avec une moyenne sur l’année 2024 deux fois au-dessus des recommandations de l’OMS. Il faut réaménager cet axe avec comme priorité la sécurité des piétons et des cyclistes, et l’efficacité des transports en commun.
Il est également crucial de lancer de nouveaux projets qui donnent plus de place aux modes de transport majoritaires. C’est par exemple le cas des « magistrales piétonnes », des boulevards pour les piéton·nes où l’on peut marcher sur de longues distances, entre autres avec des enfants ou des personnes âgées. Ces aménagements, prévues dans le Plan régional de Mobilité, doivent relier le centre avec les pôles régionaux situés en dehors du Pentagone. Fin 2023, seulement 19% du réseau était réalisé.
